HABITAT III
Conférence des Nations Unies sur le logement
et le développement durable (QUITO, octobre 2016)
THE NEW URBAN AGENDA
LE NOUVEL AGENDA URBAIN
Le "Nouvel Agenda Urbain" sera le document final produit pendant la conférence des villes Habitat III qui est organisée par les Nations Unies à Quito en Octobre 2016. Il guidera, au niveau international, pour les 20 prochaines années, les efforts en matière d' urbanisation d'un large éventail d'acteurs: Nations Unies, Etats-nations, responsables municipaux et régionaux , professionnels, bailleurs de fonds internationaux de développement, société civile ...
Cf.: http://citiscope.org/habitatIII/explainer/2015/06/what-new-urban-agenda
Extract from ZERO DRAFT OF THE NEW URBAN AGENDA, 06 mai 2016, this document has not been proofread.
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Heritage and Culture
We will place urban culture and heritage as a priority component of urban plans and strategies through the adoption of planning instruments, including master plans, zoning guidelines, and strategic growth policies that safeguard a diverse range of tangible and intangible cultural assets and landscapes and mitigate the disruptive impact of development.
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Extrait de la PREMIERE ECRITURE DU NOUVEL AGENDA URBAIN du 6 mai 2016 (document non validé)
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Patrimoine et Culture
Nous allons placer la culture et le patrimoine urbain en tant que fonction prioritaire de la planification et des stratégies urbaines par l'adoption d'instruments de planification, y compris les plans directeurs, les lignes directrices de zonage, et les politiques de croissance stratégique, afin de préserver un large éventail de biens et de paysages culturels matériels et immatériels et atténuer les effets perturbateurs du développement.
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Small Settlements and the Cultural Dimension of Urbanisation Case studies in China and Europe
La journée d’étude organisée le 18 février 2016 par l’Observatoire de la Chine à la Cité de l'architecture et du patrimoine(CAPA) fait suite de la conférence internationale sur “la culture pour des villes durables” qui s’est tenue à Hangzhou en décembre 2015.
The Hangzhou Declaration, which followed the UNESCO Conference on ‘Culture for Sustainable Cities’ (December 2015), advocates for the full integration of cultural heritage, culture and creativity into the ‘New Urban Agenda’, to be adopted at the UN-Habitat III in Quito, Ecuador, in October 2016.
In order to prevent standardized and prescriptive urban models, which are particularly affecting large portions of the world under the thread of massive urbanization, one of the strategic key-points to pursue is to acknowledge the cultural value of small settlements and landscapes, strengthening their relationships with cities.
La Conférence internationale sur «La culture pour le développement durable des villes" s'est réunie à Hangzhou les 10-12 Décembre 2015. Les participants ont formulé des recommandations sur la mise en œuvre de l'Agenda 2030 en rappelant le rôle fondamental de la culture pour un développement durable: "la durabilité est un concept culturel, qui découle de la relation entre une communauté et son environnement culturel et naturel (extrait du document téléchargeable ci dessous)". Ils ont travaillé pour l'élaboration d'un "Nouvel Agenda Urbain" à adopter lors de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III, Quito, en Équateur, 17-20 Octobre 2016).
SMART PLANNING for SUSTAINABLE CITIES
URBAN THINKERS CAMPUS
PARIS – Siège de l'UNESCO -
20 et 21 janvier 2016
Retranscription de l'intervention d' Alain Marinos
Au lendemain des événements terroristes qui ont marqué de manière indélébile Paris et plusieurs autres villes du monde, alors que partout montent en puissance les sectarismes de tout bord et les extrémismes à caractère identitaire, je m'étonne du peu de place donné, aujourd'hui, à la culture dans la ville. « Faire vivre ensemble les différentes cultures » ne devrait-il pas être un des thèmes majeur que la France pourrait défendre à Habitat III.
Pourquoi n'ose-t-on pas évoquer ce sujet ? Est-ce parce qu'il dérange et embarrasse ? Il s'impose aujourd'hui; avons nous le choix ; demain il sera peut être trop tard ?
Nos savoir faire sont attendus sur ces thèmes, n'oublions pas que la culture, d'une part, et les droits de l'homme, d'autre part, ont fortement contribué à forger la réputation de la France à l'étranger. De plus, nous avons à notre portée tous les éléments pour construire des propositions.
Rappelons que nous sommes ici dans le lieu où, quelques dizaines d'années plus tôt, Claude Levi Strauss à tenu plusieurs discours qui ont conduit à la rédaction de la « Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles » (UNESCO - Paris 2005) dont l'initiative revient à des membres de la communauté francophone. Cette convention rappelle que la diversité culturelle doit être intégrée en tant qu’élément stratégique dans les politiques nationales et internationales de développement, ainsi que dans la coopération internationale pour le développement durable.
Nous bénéficions d'une longue expérience de terrain sur le sujet. Un exemple parmi de nombreux autres : en 2014, la communauté d’agglomérations de Plaine Commune en Seine-Saint-Denis (Île-de-France) a obtenu à l’unanimité le label Pays d’art et d’histoire ; son président Patrick Braouezec a expliqué à cette occasion que la culture en Seine-Saint-Denis était notamment constituée de la conjugaison des cultures issues de l'immigration et que la construction d’un projet culturel devait se faire sur la base du vivre-ensemble de ces cultures, indispensable pour garantir un développement urbain durable.
Le temps manque pour citer d'autres exemples et approfondir le sujet, je me contenterai de finir par des propos très récents: « Toute intervention dans le paysage urbain ou rural devrait considérer que les différents éléments d'un lieu forment un tout perçu par les habitants comme un cadre cohérent avec sa richesse de sens. Ainsi les autres cessent d'être des étrangers , et peuvent se sentir comme faisant partie d'un « nous » que nous construisons ensemble », « Il ne sert à rien de décrire les symptômes de la crise écologique, si nous n'en reconnaissons pas la racine humaine ( …) C'est la culture, non seulement dans le sens de monuments du passé mais surtout dans son sens vivant, dynamique et participatif, qui ne peut pas être exclue lorsqu'on repense la relation de l'être humain avec l'environnement.»1
Ces propos sont extraits de l'Encyclique « Laudato si » du pape François (2015).
1 / Extraits de l'encyclique « Laudato si » du pape François (juin 2015). Troisième chapitre : « La racine humaine de la crise écologique » et « l'écologie culturelle ».
Consulter la "Plateforme française de l'urbain à l'international"
montée par le Partenariat Français pour le Ville et les territoires (PFVT) à cette adresse:
http://www.pfvt.fr/fr/un-habitat-2016/la-conference-habitat-iii
Processus préparatoire à la conférence Habitat III
La culture dans le pré-rapport national préparatoire à la Conférence des Nations unies sur les établissements humains.
Contribution Alain Marinos, 17 novembre 2014.
Ce texte avait été placé en introduction 1 du site en 2015
En introduction, il est utile de revenir sur la traduction de l'anglais « sustainable development » par « développement durable », officialisé en 1992 au Sommet de la terre à Rio. La traduction littérale de l'anglais « sustainable » est « soutenable » qui vient du vieux français « sous-tenable », un terme qui signifie à l’origine : ménager, prendre soin de...
Les préoccupations de 1992 ont évoluées, de nouveaux enjeux émergent, l’accent est mis aujourd’hui sur l’habitant et la dimension humaine de la ville, comme en témoignent les débats récents au 7e Forum Urbain Mondial (FUM) de Medellín (Avril 2014, voir la rubrique "9 / FORUM URBAINS MONDIAUX"). Respectons le sens des mots, nous éviterons ainsi de fausser la compréhension et de creuser l’écart entre nos partenaires anglo-saxons et nous. La traduction par « développement soutenable », c’est-à-dire « qui peut se supporter, s’endurer » … par la population, serait mieux approprié. Cette nouvelle traduction ouvre naturellement sur une reconnaissance de la culture parmi les grands enjeux de la ville soutenable (environnementaux, économiques et sociaux).
La culture parmi les grands enjeux de la ville soutenable
L’Inspection des patrimoines a procédé récemment à une estimation du nombre de communes françaises concernées par (au minimum) un label ou une protection au titre du patrimoine. Cette estimation tourne autour de 28 000 soit 2/3 des communes.
Bien entendu cette tendance lourde impose une « orientation radicale » que l'on peut résumer par cette citation de Françoise Choay : « passer d'une protection du patrimoine statique, visant des objets, fondée sur la notion d'inventaire, à une protection dynamique, structurelle, ancrée dans la vie quotidienne... Il faut concevoir le patrimoine urbain comme un terrain de reconquête de l'architecture et du vrai métier d'architecte, un champ d'expérience incitatif, un espace d'apprentissage à l'invention de nouveaux espaces de proximité tant pour les praticiens que pour les usagers »1.
Les dossiers de candidature pour l’obtention du label Ville et pays d’art et d’histoire présentés ces dernières années au conseil national, témoignent de ces évolutions fondamentales. Non seulement ces candidatures sont nombreuses et de plus en plus diversifiées mais toutes ou presque revendiquent l'inscription de leur projet culturel dans un processus de « développement durable ». Trois exemples parmi d'autres :
La ville de Pau écrit en titre de son dossier de candidature: « Le projet urbain et les nouveaux enjeux du XXIème siècle » et en sous titre : « la diversité en héritage ». La ville de Metz écrit : « … Les élus et les responsables locaux ont conscience de l’importance de l’appropriation du patrimoine dans toutes les démarches de développement urbain permettant au passé, au présent et au futur de dialoguer...».
Enfin pour Plaine Commune qui a obtenu l’unanimité au Conseil national du printemps 2014, son Président Patrick Braouzec s'exprime ainsi: « Le regroupement de Plaine Commune (pour candidater au label) s’est fait sur la reconnaissance d’une histoire et d’un destin communs et de la volonté de redonner des perspectives de développement à un territoire meurtri, tout en préservant une identité et un patrimoine forgé au fil du temps... De nombreux lieux uniques et insolites, certains connus, d’autres moins, jalonnent les villes de l’agglomération et représentent une mémoire vivante de l’histoire industrielle mais aussi de l’histoire de l’immigration en France, l’histoire du logement social, etc. En faisant le choix de s’inscrire dans un territoire durable, l’agglomération montre sa capacité à se projeter dans les enjeux de demain, toujours à partir des valeurs de solidarité et de droit à la ville pour tous, mais aussi sa capacité à mettre en perspective son évolution à travers la valorisation et le partage de son patrimoine. »
Développement urbain et politique française à l’international
Le Sénateur Yves Dauge s’exprimait ainsi en 2010 dans le cadre du cinquième Forum Urbain mondial : « une ville qui perd son centre (historique) perd son sens ».
Les défis absents du document préparatoire à Habitat III, mais qui apparaissent en filigrane dans nos actualités de tous les jours, où que ce soit dans le monde, sont ceux consécutifs à l'arasement, voire la perte de sens de nos villes et de nos territoires et des identités locales qui s’y raccrochent. Jamais le patrimoine, matériel ou immatériel, naturel ou culturel, n'a eu autant de succès. Attention à ne pas évacuer trop vite la crise identitaire en la stigmatisant, sous prétexte de « sectarismes » et de « replis passéistes » qui ne sont que les manifestations extrêmes de ce mouvement. N’oublions pas que la France a inventé le concept de « Patrimoine commun de la nation » à la Révolution, dans la mouvance des « droits de l'homme et du citoyen ».
Ces deux concepts, « droits de l'homme et du citoyen » et « patrimoine commun de la nation », ont inspiré de nombreux pays, ils ont forgés notre réputation à l’étranger, ils figurent parmi les principales valeurs françaises connues et reconnues. Dans le champ de la ville et des territoires, ces deux atouts conjugués se traduisent en terme d'urbanité. La dimension humaine de nos villes et notamment de leurs quartiers historiques, est un des grands atouts de la France. À ce titre, il serait intéressant de mesurer l’intérêt de nos partenaires étrangers pour cette urbanité qui fait la réputation de nos quartiers et de nos centres historiques. De nombreuses villes l’ont compris et l’affichent en images sur leur site internet.
En conséquence, ces spécificités culturelles Françaises me semblent devoir être valorisées dans le rapport, notamment pour que tous les pays qui, confrontés de façon parfois brutale à la montée en puissance de revendications identitaires, puissent trouver dans nos processus et nos méthodes, une inspiration, voire, plus simplement, constater que des solutions sont possibles.
1: « Pour une anthropologie de l'espace », Seuil 2006